
Pourquoi une personne se mord, mord les autres ou met des objets à la bouche ? Doit-on l'en empêcher ? Peut-on réduire les comportements d'autostimulation ou les contrôler ?
L'autostimulation prend des formes diverses. Un même geste peut avoir plusieurs significations, et les différences d'une observation à l'autre sont souvent à peine perceptibles : une intensité plus modérée ou à l'inverse plus prononcée, l'augmentation du mouvement, un changement de variation sonore...
Ce qui explique l'autostimulation en générale, c'est un lien entre la dimension tonique (langage du corps) et la dimension émotionnelle. Chez les personnes autistes ou présentant d'autres troubles neurodéveloppementaux, l'équilibre entre les mouvements et les émotions (ou désir d'action) est inadapté. L'autostimulation devient alors "une solution de secours" pour organiser les stimuli.
Les stéréotypies d'autostimulation sont stabilisatrices pour une personne avec autisme ou TND.
Les raisons d’un comportement d’autostimulation orale
- Le trouble alimentaire
Dans un premier temps, il convient de s’assurer que le comportement observé relève de l’autostimulation et non du trouble alimentaire. Un orthophoniste peut vous aider à détecter si un besoin de mastication correspond à un comportement alimentaire. Le bilan orthophonique permettra de définir la nature des difficultés et de les replacer dans un contexte développemental. Une altération du fonctionnement de la mastication peut avoir certaines incidences auxquelles vous devez remédier (digestion, dentition…). Une sélectivité alimentaire due au goût, à la couleur, à la texture, liée aux difficultés de généralisation et à l’intolérance au changement, pourra compliquer grandement la diversité alimentaire. Vous pouvez retrouver notre précédente publication sur les troubles alimentaires .
Il ne s’agit pas toujours d’un trouble de l’alimentation, mais bien souvent d’autostimulation (stéréotypie).
- 1. Contrôler une émotion
Ce peut être la joie, la peur, l’anxiété, le plaisir, l’ennui… Les émotions positives comme négatives peuvent déclencher une forte autostimulation, comme le fait de sauter, de battre des mains ou de mordre.
- 2. Maintenir une concentration
Lors d’un apprentissage, l’autostimulation pourra aider une personne à tenir sa concentration plus longtemps. L’autostimulation aura alors un rôle d’amélioration de la qualité de vie et de l’autonomie.
- 3. Éviter une surcharge sensorielle (ou assurer un retour au calme)
Basée sur la théorie de l’Intégration Sensorielle (Kane, Luiselli, Dearborn & Young, 2004), la pression exercée par les molaires arrière sur un outil à mâcher procure à la personne une pression profonde (proprioception). Cette technique peut aider une personne avec autisme ou TND à intégrer des données sensorielles.
- Témoignage
« Enfant, j’adorais lécher divers objets dont ce n’était pas la destinée d’être parcourus par de la salive. Je me rappelle particulièrement bien du goût des pièces du jeu de Scrabble. Il me fascinait. De jolis morceaux bien carrés, symétriques et ornés de lettres. C’était si esthétique, je ne pouvais m’empêcher d’y goûter. [...] D’avoir l’air étrange m’importait peu. Cette manie inappropriée a passé avec le temps. L’autostimulation orale n’est pas un comportement acceptable. » Témoignage d’une personne Asperger.
Vouloir supprimer totalement une stéréotypie n’est pas une solution. Elle pourrait être remplacée par une autre, parfois plus problématique. L’autostimulation est un besoin essentiel et fait partie du développement. Elle prépare aux apprentissages et constitue la base de la découverte. Elle pourra être régulée et structurée si elle entrave l’apprentissage et/ou le quotidien, ou encore si, comme dans cet exemple, elle devient socialement inappropriée.
Quels accompagnements mettre en place ?
- Trouver la source et évaluer
La plupart du temps, l’autostimulation constitue un “comportement-langage” qu’il est utile de repérer (fréquence, environnement, personnes, douleur…). L’observation permettra de décoder, au plus près, les demandes qu’elles expriment. Ces comportements-langage peuvent avoir plusieurs rôles : signifier une incompréhension, se sécuriser, procurer un plaisir ou signifier un déplaisir, combler l’ennui… Vous pouvez, par exemple, noter dans un petit carnet, pendant quinze jours, vos observations pour déterminer si ces manifestations sont stables. Il est important de connaître la fréquence d’apparition de ces manifestations comportementales pour, plus tard, mesurer l’efficacité des aménagements mis en place.
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ressources
Osetontruc.com, un site qui propose des grilles d’observation.
Le CREAI Aquitaine propose un document sur les besoins des personnes autistes, dont toute une partie consacrée à la sensorialité.
Le questionnaire de Dunn, à retrouver dans l’ouvrage d’Olga Bogdashina.
- Structurer si besoin le comportement d'autostimulation
Si le comportement d'autostimulation est "perturbateur", n'hésitez pas à fournir à la personne la stimulation nécessaire pour qu'elle réalise correctement l'activité. Par exemple, si la personne a besoin de plus de sensations tactiles pendant le brossage des dents, fournissez-lui une brosse à dent électrique. En effet, les vibrations de la brosse à dents électrique vont combler son besoin de stimulation sensorielle.
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Les informations contenues dans ce document sont données à titre de simples conseils et ne représentent en aucun cas une définition ni une prise en charge unique de l’autostimulation orale. Il s’agit de pistes de réflexion, d’un point de départ pour mettre en place des stratégies qui aideront les personnes s’autostimulant. L’utilisation des outils sensoriels doit être encadrée : ce ne sont pas des jouets, ni des gadgets pour s’amuser. Leur fonction doit être définie et leur emploi expliqué à la personne qui va les utiliser.
Sources :
Livres :

